Le 2 avril 2024, le directeur du renseignement national suédois, Dag Hartelius, a fait une présentation à l’IFRI, dans le cadre du cycle européen du renseignement soutenu par le Collège du Renseignement en Europe (ICE). Le thème de la conférence était « Menaces hybrides – tâches et défis pour la communauté du renseignement ».
L’Ambassadeur Dag Hartelius, venu à Paris le 5 mars 2019 pour le lancement de l´ICE, était heureux de revenir à Paris, pour son cinquième anniversaire, et de participer à ce cycle IFRI/ICE. Il était le quatrième participant à ce cycle de sensibilisation après les hauts représentants du renseignement de France, d’Italie et d’Espagne.
Face à un nouveau type de menace, la menace hybride, la communauté internationale doit réagir avec de nouveaux outils qui, nécessairement, ne peuvent pas être uniquement militaires, mais devront combiner d’autres variables.
Ce n’est pas que les menaces hybrides ou les éléments de menace hybride n’existaient pas auparavant, pensez à certaines campagnes de désinformation pendant la guerre froide, mais c’était différent à la fois en termes de portée et de mode. La révolution de l’information et la surabondance d’informations ont ouvert de nombreuses possibilités en termes d’attaques asymétriques et opportunistes contre nos sociétés démocratiques.
Déjà au sein de l’UE et de l’OTAN, de nouvelles stratégies et de nouveaux outils, tels que les Centres d’excellence de Riga (sur la désinformation), de Tallinn (sur la cybersécurité) et d’Helsinki (sur les menaces hybrides), ont été développés. Mais face à des attaques aussi vastes, opportunistes et asymétriques, nous avons besoin d’un nouvel état d’esprit avec une approche « de l’ensemble du gouvernement ».
Plus précisément, en ce qui concerne le Renseignement, l’évolution a été double :
– Les services de l’Etat n’ont plus le monopole de l’information fiable et exploitable. D’autres sources d’informations (que ce soit dans OSINT ou dans IMINT) sont tout aussi valables, complémentaires et nécessaires pour comprendre la situation actuelle des menaces. Il faut donc compter sur des sources multiples qui ne doivent pas nécessairement provenir du renseignement en tant que tel.
– Nous avons vu, pendant la guerre d’Ukraine, l’utilisation répétitive du renseignement à des fins STRATCOM. À cet égard, le renseignement devient un nouvel outil.
Nous sommes aujourd’hui dans un écosystème global qui nécessite une vision transversale, horizontale et holistique, capable d’apporter des réponses différentes aux différentes menaces. L’invasion russe de l’Ukraine a montré qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour mieux se préparer à anticiper les menaces futures.